Dans un monde touché par le Covid-19, les conflits et le changement climatique, il faudra à l’ONU au moins 41 milliards de dollars en 2022 pour secourir 183 millions de personnes parmi les plus vulnérables, a estimé le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), jeudi 2 décembre, dans son évaluation annuelle.
Mais, au total, ce sont 274 millions de personnes qui devraient avoir besoin d’une aide d’urgence l’an prochain – un bond de 15 % par rapport à une année 2021 déjà record. Cela représente une personne sur 29 dans le monde.
Jamais le nombre d’individus ayant besoin d’aide « n’a été aussi élevé », a souligné Martin Griffiths, le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l’ONU.
Selon lui, fournir de l’aide à autant de gens « ne peut pas durer, et pourtant il faut que ça dure ». Là où 41 milliards de dollars seront nécessaires l’an prochain pour aider les personnes très vulnérables à travers 63 pays, il en fallait 35 milliards cette année et moitié moins il y a quatre ans.
Le grand rapport annuel de l’OCHA paru jeudi dresse un long catalogue de cette misère, avec l’Afghanistan, l’Ethiopie et la Birmanie parmi les pays les plus touchés. Dans les causes, le changement climatique figure en bonne position, avec la pandémie de Covid-19, qui entrera en début d’année prochaine dans sa troisième année et a déjà fait plus de 5 millions de morts officiellement, probablement deux à trois fois plus selon l’OMS.
« 2022 pourrait s’avérer catastrophique »
Le Covid-19 a jeté 20 millions de personnes dans l’extrême pauvreté au cours de l’année écoulée, souligne le rapport. Il a aussi plongé nombre de systèmes de santé dans le chaos, avec un effet délétère sur la lutte contre d’autres fléaux comme le VIH, la tuberculose ou le paludisme. Cette année, 23 millions d’enfants n’ont pas pu recevoir les vaccins de base.
Dans le même temps, le réchauffement climatique et son cortège de catastrophes naturelles pourrait contraindre 216 millions de personnes à trouver refuge ailleurs dans leur propre pays d’ici à 2050. C’est le changement climatique toujours qui fait de la famine « une possibilité aussi réelle que terrifiante pour 45 millions de personnes dans 43 pays », met en garde le rapport. « Sans une action durable et immédiate, 2022 pourrait s’avérer catastrophique » dans un monde où 811 millions de personnes sont déjà mal nourries, dit le texte.
L’Afghanistan, de son côté, combine des décennies de conflit avec une sécheresse terrible et une économie en chute libre depuis l’arrivée des talibans au pouvoir en août. Les deux tiers de la population ont besoin d’aide, et 9 millions de personnes sont au bord de la famine. L’ONU a besoin de 4,5 milliards de dollars pour 22 millions d’Afghans l’année prochaine.
L’Ethiopie dans la situation « la plus inquiétante »
Le Yémen et la Syrie, où la guerre dure depuis des années, ont aussi besoin d’aide, mais les besoins de l’Ethiopie sont particulièrement criants, depuis l’offensive lancée par Addis-Abeba contre le Tigré. Cette guerre brutale, qui dure depuis plus d’un an, a provoqué le déplacement de millions de personnes. Selon le rapport de l’OCHA, 26 millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire dans ce pays de la Corne de l’Afrique et 400 000 y sont en passe de sombrer dans la famine.
Pour Martin Griffiths, l’Ethiopie présente peut-être la « situation la plus inquiétante », même s’il s’empresse d’ajouter qu’existent bien d’autres situations gravissimes à travers le monde. Mais il a aussi tenu à souligner les réussites de l’aide humanitaire, qui permet de limiter les catastrophes.
Sources Le Monde avec l'AFP