Après une messe privée et un salut aux employés de la nonciature apostolique, le Souverain pontife argentin s’est rendu vendredi 3 février au siège de la Cenco, la conférence épiscopale congolaise, édifice jouxtant la nonciature de Kinshasa, pour un dernier discours en terre congolaise.
Chasser l’air pollué de la mondanité
Devant une soixantaine d’évêques congolais, le Pape a d’abord assuré combien il lui a été agréable de passer ces jours-ci en RDC, «cœur vert» de l'Afrique et poumon pour le monde, avec la grande forêt du bassin du Congo, couvrant trois millions de km2; patrimoine naturel rappelant le devoir de protéger la beauté de la Création et «de la défendre contre les blessures causées par l'égoïsme prédateur». Le Pape a filé la métaphore forestière, évoquant cette immense étendue de verdure comme «une image qui parle à notre vie chrétienne». En effet, le Souverain pontife a rappelé comment en tant qu'Église, «nous avons besoin de respirer l'air pur de l'Évangile, chasser l'air pollué de la mondanité, garder le cœur juvénile de la foi». C'est ainsi qu’il s’imagine l'Église africaine et voit l’Église congolaise: «une Église jeune, dynamique, joyeuse, animée par la soif missionnaire».
Une Église qui souffre pour son peuple
«Merci, d’être un poumon qui donne du souffle à l'Église universelle!», s’est exclamé François, conscient de l’autre physionomie de cette Église locale. «Votre visage jeune, lumineux et beau est marqué par la douleur et la fatigue, parfois par la peur et le découragement», a-t-il relevé, détaillant: «C'est le visage d'une Église qui souffre pour son peuple, c'est un cœur qui bat au rythme de la vie du peuple avec ses joies et ses tribulations. C'est une Église signe visible du Christ qui, aujourd'hui encore, est rejeté, condamné et méprisé dans les nombreux crucifiés du monde, et qui pleure nos propres larmes».
Malgré l’histoire d’un peuple crucifié, un peuple enthousiaste
Devant l’assemblée des évêques, le successeur de Pierre a confié voir «Jésus souffrant» dans l'histoire de ce peuple crucifié et opprimé, frappé par une violence qui n'épargne pas, marqué par la souffrance des innocents; «un peuple contraint de vivre dans les eaux troubles de la corruption et de l'injustice qui polluent la société, et qui souffre de la pauvreté en tant de ses enfants».
En même temps, François a vu un peuple qui n'a pas perdu l’espérance, qui embrasse avec enthousiasme la foi et se tourne vers ses pasteurs, «qui sait revenir au Seigneur et se remettre entre ses mains afin que la paix à laquelle il aspire, étouffée par l'exploitation, l'égoïsme partisan, par les poisons des conflits et des vérités manipulées, puisse enfin advenir comme un don d'en haut».